Bien qu’il soit mis sous contrôle judiciaire et interdit de sortir de Conakry, le président du parti Bloc libéral ne se laisse pas abattre.
Dr Faya Millimouno donne son avis sur la mise en place du Front national pour la défense de la Constitution (Frondec) et dénonce l’attitude du chef de file de l’opposition Cellou Dalein Diallo et du président de l’Ufr Sidya Touré qui, à bien des égards, sont en train d’accompagner Alpha Condé dans la banalisation de la constitution en continuant de siéger dans une Assemblée nationale «périmée».
L’opposant prédit l’apocalypse en Guinée et invite le peuple à se préparer au moment fatidique pour mettre les esprits satanistes hors d’état de nuire. Lisez!
Le Populaire: Un Front national pour la défense de la Constitution est né. Il regroupe en son sein les tendances de l’opposition politique et de la Société civile. Quelle est la position du Bloc libéral?
Faya Milimouno: Le BL a pris part active dans la construction de cette coalition des partis politiques, de la Société civile y compris du Syndicat pour envoyer un message au président Alpha Condé, selon lequel on peut défier le monde et résister si vous avez le soutien de votre peuple. Sékou Touré a défié la France pendant 26 ans. Les Jacques Foccart n’ont pu rien faire contre lui parce que le peuple de Guinée soutenait son président et ou n’avait pas pris position contre lui. Alors, Alpha Condé a eu le mandat très controversé en 2010 et un autre très controversé en 2015. On a toléré tout cela pour la paix dans notre pays. Mais ce qui sera intolérable, c’est une manœuvre quelconque que ça soit par une modification constitutionnelle, par l’élaboration d’une nouvelle Constitution ou par un glissement. Si Alpha tente, il va trouver le peuple de Guinée sur son chemin.
Les forces vives ont échoué en 2001 face à Lansana Conté. Êtes-vous sûr de pouvoir empêcher Alpha Condé d’avoir un 3e mandat en 2020?
C’est pourquoi nous avons travaillé et continuons toujours de travailler avec d’autres entités politiques et sociales pour dire jamais pour un 3e mandat pour qui que ce soit dans notre pays! Les Guinéens doivent se rappeler au temps de M. Lansana Conté, le père de la démocratie guinéenne et de la libéralisation des ondes et du multipartisme et du système libéral dans notre pays, même si l’impunité est venue entacher les bienfaits. Il avait fait son temps. Les gens lui auraient dû laisser terminer ses derniers jours à l’ombre. Mais, ils ont créé toutes sortes de mouvements, d’associations : Mosalac, Cosalac, etc ; pour le conduire à la modification constitutionnelle en 2001. Cela a conduit la Guinée à vivre les années 2000 comme les plus violentes de l’histoire politique: en 2006, en janvier-février 2007 jusqu’en 2010 et au-delà. Tous ce que nous avons connu comme violation des droits et des libertés sous Alpha Condé, la modification constitutionnelle en 200 en est l’origine profonde.
A l’époque est-ce que le nombre de mandats était verrouillé?
Effectivement, le nombre de mandats était verrouillé depuis la première Loi fondamentale votée par référendum en 1990. Il était prévu que le nombre de mandat soit limité à deux et également la limite d’âge au-delà duquel on ne pouvait pas se présenter aux élections présidentielles. La modification constitutionnelle de 2001, c’était non seulement pour faire sauter le verrou de la durée 5 à 7 ans et la limitation à deux le mandat, mais également de l’âge limite pour être candidat. Lansana Conté aurait donc passé ses vieux jours à l’ombre parce qu’il a fait beaucoup pour la Guinée. C’est vrai quand les Pdgistes qui continuent de vendre que Sékou Touré a laissé 300 unités de production. Mais ce que ceux-là ne disent pas c’est que la majorité de ces unités de production fonctionnait à perte et quasiment en faillite. Je n’étais pas un fan du régime Lansana Conté que j’ai combattu, mais je reconnais ses biens faits. Le régime de Lansana Conté a laissé en Guinée pas de centaine d’entreprises viables, mais des milliers dans tous les domaines de la vie nationale. (…) C’est quelqu’un qui devait avoir un temps pour se reposer, mais les gens ont utilisé tout ce qu’ils avaient pour le maintenir. En fait, ils ne se battaient pas pour que Lansana Conté reste au pouvoir. Ils se battaient pour se servir de la Guinée. C’est exactement la même chose qui est en train de se prêter aujourd’hui sous Alpha Condé. Nous lui disons que c’est un feu avec lequel il ne faut jouer.
Depuis le lancement de la plateforme le 2 avril 2019, aucune action sur le terrain. Qu’est ce qui se passe?
Il y a un travail qui est en train de se faire. Demain samedi 13 avril 2019, il y aura une grande rencontre au niveau technique pour que nous prenions une action d’envergure. Il y a des commissions qui se mettent en place. Il y a aussi des antennes qui se mettent en place à l’intérieur du pays. Donc, le Front est en train de poser des actes. Vous verrez que dans les semaines à venir les actions deviendront de plus en plus visibles. Il y a de gens du RPG que je connais qui ne vont jamais soutenir un 3e mandat pour qui que soit.
Parmi les députés?
Non, pas parmi les députés qui sont des vendus. Ils ont siégé c’est parce qu’ils sont vendus.
Même ceux de l’opposition?
Tous sont devenus des petits employés d’Alpha Condé en violation de notre Constitution. Mais les militants convaincus du RPG que j’ai connu depuis les années 90, il y en a beaucoup qui ne veulent pas entendre parler d’un 3e mandat pour qui que ce soit. Ceux-là ne le diront certes pas ouvertement ou en assemblée du Rpg parce que les militants de la 25e heure sont très nombreux et violents. Il y a un certain Mamady Camara, membre fondateur du Rpg que je respecte, il est venu jusqu’au siège du BL, ici. Il dit haut et fort qu’un 3e mandat ne ressemble pas au RPG.
Pendant que le Front est en train d’attendre, les sirènes révisionnistes multiplient les actions sur le terrain. Est-ce que vous n’êtes pas en retard par rapport au mouvement pour un 3e mandat?
Ce n’est pas un retard. D’abord à Coyah, il y a eu de guinéens qui ont réagi. Ils ont été mis en prison. Ce qu’on demande à l’appareil judiciaire de notre pays c’est de redorer son blason. Alpha ne doit pas utiliser l’appareil judicaire pour réprimer, museler l’opposition. Cela ne se passera pas ici.
«Cette union de l’opposition n’ira nulle part», selon le Premier ministre, Kassory Fofana. Que répondez-vous?
Ça montre une peur du côté de monsieur « le chinois est mort». Cela m’a rappelé lorsque l’armée américaine est partie en Iraq. Le ministre de l’information du gouvernement Saddam criait dans les médias que Bagdad va botter les américains jusqu’à ce qu’on l’a arrêté et c’est ce jour qu’il s’est tu. C’est exactement ce que sont en train de faire les Kassory, Kiridi, etc. C’est une politique, une manœuvre, une stratégie pour montrer qu’on a le contrôle de la situation et que rien ne va se passer. Mais, ils savent leur limite. C’est la peur qui se montre dans leurs yeux et dans leurs messages. L’union de cette opposition avec la Société civile c’est ce qui permettra à ce pays de respirer dans les mois à venir.
C’est-à-dire.
Ce que nous envoyons comme message c’est que si désormais Alpha Condé vient au siège du Rpg pour tenir les propos qu’il a tenu un dimanche devant les enfants du collège et du lycée, le lendemain nous invitons les guinéens à le chasser parce que c’est une violation claire de notre Constitution. La Constitution dit que la fonction de président de la République est incompatible avec une quelconque autre fonction. Elle définit clairement que quiconque devient président de la République ne peut plus continuer d’exercer en qualité de chef de parti politique. Alpha viole la Constitution et appelle les enfants à l’affrontement faisant la promotion de la guerre civile, ce qui est une violation de son serment. Nous, nous disons le jour qu’Alpha Condé va mettre pied au siège du RPG, que les guinéens sortent le lendemain pour le chasser.
Vos marges de manœuvre sont restreintes avec l’installation des Postes armés dans la commune de Ratoma. Comment vous allez-vous y prendre face à cette disposition sécuritaire?
A un moment donné, il faut prendre du recul. Les PA n’effraient personne. Ce sont des guinéens qui sont là-bas et qui savent ce que dit la loi. Tous les membres des PA savent que tirer sur un guinéen va les amener à La Haye ou feront face à la justice guinéenne un jour. Donc, les PA ne nous effraient pas. Ça ne nous fait ni chaud, ni froid. Les conditions sont en train de mûrir petit à petit. C’est-à-dire que nous sommes en train d’aller petit à petit vers le moment fatidique. Le jour où Alpha Condé va remettre pied au siège du Rpg, le lendemain nous encouragerons les guinéens à sortir dans la rue pour le chasser.
C’est un défi que vous lui lancez?
Bien sûr ! C’est un défi qu’on lance à M. Alpha Condé.
Où en est la procédure judiciaire consécutive à votre arrestation avec vos militants le 5 avril 2019 à l’occasion de l’ouverture de la session des lois de l’Assemblée nationale?
La procédure est en train de piétiner. Je crois qu’on est en train de faire une manœuvre croyant qu’on peut contrôler le Bloc libéral et son leader parce que nous apparaissons aujourd’hui comme le parti le plus constant et qui montre plus de crédibilité par rapport à ce qu’il dit et ce qu’il fait. Ils pensent qu’en s’attaquant au BL ou à son leader, ils vont nous faire taire. Ce n’est pas connaitre Faya Millimouno et les militants du BL. Très bientôt vous nous entendrez, parce qu’on ne peut pas restreindre nos libertés.
Vos militants et vous avez été mis sous contrôle judiciaire. Qu’est-ce que cela vous incombe?
C’est un document qui nous a été administré jeudi 11 avril 2019 par le juge d’instruction qui interdit à Faya Millimouno de quitter Conakry et l’oblige à aller signer un formulaire les lundis et mardis à 9H, l’oblige à répondre à toute convocation du juge d’instruction et à déposer ses documents de voyage. Voilà l’astuce trouvée par Alpha Condé pour contrôler l’enfant terrible de l’opposition.
Que comptez-vous faire?
Nous respectons et respecterons la justice jusqu’au moment où nous nous rendront compte qu’elle est en train de jouer à la politique. Après, nous sortirons de ça et rien ne va se passer.
Quel est le délai de cette restriction de vos droits de libre circulation?
Ce n’est pas déterminé. Puisque j’étais en tant que leader et en mission du parti, je devais partir depuis le 7 avril, c’est par respect pour la justice que je suis encore là. Je devais entreprendre un voyage en Amérique du Nord. Nous sommes en train d’observer la justice. Trois devaient être entendus le 9 avril dont moi-même. Le lendemain, une seule personne a été entendue sur les trois qui étaient au programme. Les gens se déplacent de la banlieue jusqu’à Kaloum. Si on les convoque qu’on ait le respect de les entendre. Celles du jeudi et vendredi n’ont également pas été entendues. Donc, nous savons que la justice est en train de jouer à la politique. Ce sont des manœuvres dilatoires. A partir du lundi, le BL va faire une déclaration pour dire clairement la date du début de la tournée de son président en Amérique du Nord. Soit, on nous arrête pour nous mettre à la Maison centrale ou nous sortirons du pays et le jour que nous allons rentrer, on nous arrête. Mais nous n’allons pas accepter que pour des choses qui ne sont pas prouvées qu’on essaie de restreindre les libertés du président du BL.
Avez-vous le sentiment d’être soutenu par les membres du Frondec?
Il y a beaucoup de leaders qui ont montré leur soutien au BL. Notamment, Geci, Pades, Unpg, Pgsd, Cadre, Prd. Tous les partis membres de la Cpr ont été à notre côté. Il y a engament le parti RGD de Me Kabélé Camara qui pilote l’équipe d’avocats qui défendent le BL. Il y a un soutien plutôt encourageant de la part de la classe politique. Du côté des Forces sociales, nous avons également eu la présence de beaucoup d’organisations de la Société civile. Le lundi prochain, il y en aura d’autres parce que les ‘‘Brassards rouges’’ pourraient être au rendez-vous pour témoigner la solidarité au BL.
Papa Koly Kourouma qui disait être de l’opposition républicaine a bénéficié d’un décret le nommant ministre de l’Hydraulique et de l’assainissement. Quel est votre commentaire?
Je vais commencer par le féliciter, l’encourager et lui souhaiter bonne chance. S’il fait quelque chose de positif pour la Guinée que Dieu le guide pour qu’il réussisse. Mais quand on dit qu’il était dans l’opposition, je ne crois que c’est parce que simplement quelqu’un vient à une assemblée d’un parti politique pour s’excuser et pour dire que je suis désormais opposant qu’on peut croire qu’il est opposant. Pour le cas du ministre d’Etat Papa Koly, il était ministre conseiller à la Présidence, poste qu’il n’a jamais quitté jusqu’à ce qu’il ait maintenant le ministère en charge de l’Hydraulique et de l’assainissement. Tous ceux qui sont venus à l’opposition républicaine ne sont pas vraiment de l’opposition.
Jean Marc Telliano, Makanéra Kaké, Papa Koly Kourouma sont des anciens ministres qui avaient rejoint l’opposition avant de retourner à la mouvance présidentielle. Parmi les membres du Front, il y a également des anciens ministres. Est-ce que vous ne risquez d’être confrontés au même scénario ?
Il faut que les gens comprennent que ce n’est pas parce quelqu’un s’est attaqué à Alpha Condé sur les ondes qu’il est devenu opposant. Sur l’échiquier politique guinéen aujourd’hui, il y a de gens qui sont là par nécessité et d’autres par vocation. Ceux qui sont là par conviction, ont un schéma clair : sortir de tirer la Guinée de la merde. Ceux qui sont là par nécessité soit parce qu’ils ont été ministres ou Premiers ministres hier, ils ont ramassé de l’argent qu’il faut protéger en étant leader d’un parti politique, alors que le crime économique qui est devenu imprescriptible, il faut qu’un jour nous procédions à un assainissement. Il y a de gens qui abusent aujourd’hui des fonds publics ou qui en ont abusé hier, il faut que l’on sache que cela ne va pas rester impuni. Donc, il y a beaucoup de personnes comme ça sur l’échiquier politique guinéen. Il faut que l’on comprenne que ce n’est pas parce que quelqu’un est venu critiquer la gouvernance d’Alpha Condé qu’il soit effectivement un homme de conviction qui est en train de défendre l’alternance.
N’est-ce pas que Makanéra en est l’exemple le plus éloquent?
Oui, l’exemple le plus éloquent et celui de Makanera qu’on a vu venir au siège de l’Ufdg demander pardon aux militants du parti d’avoir dit de choses qui n’étaient pas politiquement, ni divinement correctes. Aujourd’hui, il est guidé par Dieu vers le Rpg. Je crois qu’avant, il était guidé par Satan. Il ne faut pas que l’on ridiculise la classe politique en donnant de la place à de gens comme ça. L’opposition républicaine est dans la situation dans laquelle elle se trouve aujourd’hui parce qu’à un moment donné on a compris que tout le monde était devenu tout le monde et on ne comprenait pas qui fait quoi. Aujourd’hui, apparemment Cellou Dalein est resté orphelin parce que tout son cabinet de chef de file de l’opposition est parti. Les rares personnes qui ont refusé d’être de ce cabinet sont encore de l’opposition. Il y a d’autres qui avaient réclamé être du cabinet et qui n’ont pas réussi qui sont actuellement dans le gouvernement. Il y en a qui ont été effectivement nommé dans le cabinet qui sont retournés au gouvernement. Donc, les guinéens doivent comprendre que tous ceux qui appartiennent au cabinet du chef de file de l’opposition finissent par être dans le gouvernement.
Diriez-vous que Cellou Dalein ne fait pas de bons choix de ses hommes?
Ce n’est pas pour égratigner ou attaquer Koto Cellou, mais le choix des hommes est important. C’est comme Alpha Condé aujourd’hui, les gens disent c’est l’entourage. Je dis «non !», c’est l’homme qui choisit son entourage. En Guinée, on ne vous l’impose pas. Cellou a échoué systématiquement dans ses choix parce que tous ceux qu’il a choisi pour être de son cabinet c’étaient en fait des taupes. Il n’a pas été capable de se rendre compte de ça. Ce qui montre qu’il y a à douter qu’il sera en mesure de choisir de bonnes personne autour de lui pour l’aider dans ce qu’il fait. C’est la leçon qu’on tire par rapport à cela.
Vous dénoncez les députés l’opposition qui siègent à l’Assemblée nationale après l’expiration du mandat. Mais vous êtes en coalition avec les mêmes personnes au sein du Front contre un 3e mandat. Comment vous expliquez-vous cela?
Ne croyez pas que le fait d’être du Front, le BL est en train dire une chose et faire son contraire. Le combat dans lequel nous sommes, nous commande de nous associer à de gens pour atteindre certains objectifs précis. Sur d’autres questions, l’Ufr, l’Ufdg et le Rpg sont égaux aujourd’hui. L’exemple le plus frappant c’est la banalisation de notre Constitution en continuant de siéger au Parlement périmé parce que la prorogation du mandat des députés est illégale. La Guinée n’a pas connu de guerre, d’épidémies, de calamités, ces deux dernières années qui puissent l’empêcher d’organiser les élections législatives. J’ai compris que c’est par petits calculs. C’est en cela que je dis que très honnêtement ce que le président Cellou Diallo a essayé de défendre suite à La Lettre du Continent peut être c’est vrai qu’il y a un deal. S’il n’y avait pas de deal, je ne comprendrais pas pourquoi l’Ufdg siégerait aujourd’hui parce que c’est ce qui retarde complétement l’agenda de changer la donne pour préparer l’alternance en 2020. Tous ceux qui siègent à l’Assemblée sont comptables du recul de la Guinée, et demain nous ne pourrons pas leur faire confiance.
Selon vous, continuer de siéger c’est donner le quitus à Alpha Condé d’empiler un 3e mandat?
Il donne le quitus à Alpha Condé qui, aujourd’hui, est en train laborieusement de lutter pour avoir un autre mandat. Mais, il se rend bien compte que le risque est assez grand. Personne ne savait, il y a deux semaines, qu’Omar el-Béchir du Soudan serait aujourd’hui refugié ou prisonnier dans son propre pays. Personne ne pensait qu’en quelques heures, Blaise Compaoré du Burkina Faso pouvait se trouver à Abidjan. Personne ne pensait que Abdelaziz Bouteflika,sur la chaise roulante, allait céder devant la pression du peuple algérien. Alpha Condé sait que la Guinée vit sur la même planète que tous ces pays-là où les peuples se sont levés avec détermination pour continuer. Il faut quand même avoir du respect pour Alpha Condé. C’est quelqu’un, avant de planifier le plan A, prépare d’abord le plan B. Le plan A c’est de modifier la Constitution ou d’élaborer une nouvelle et le plan B, c’est de glisser. Il faut féliciter le président du Pades qui est resté catégorique et qui a refusé de siéger.
La prorogation du mandat de l’Assemblée nationale risque d’être longue puisque la Ceni en manque des ressources n’a pas encore pu organiser sa retraite à Kindia pour élaborer un chronogramme des élections législatives. Qu’en pensez-vous?
Nous avons dit au Rpg et à l’Ufdg d’arrêter le deal sur le point 2 de l’Accord politique du 12 octobre 2016. Ils nous ont plongés dans une situation où on n’est pas prêt de s’en sortir. On a compté des morts, des blessés, on n’a pas encore fini ce processus d’élections locales depuis un an et demi. Mais, puisque chacun est devenu collaborateur, dealer, chacun est en train de faire des deals pour retarder encore une fois la libération du peuple, la rencontre de Kindia n’a pas encore été programmée parce qu’Alpha Condé a déjà un autre mandat par le fait que l’Assemblée siège. Il a pris bien soin parce que certains font des choses sans réfléchir. Le décret qu’il a signé prorogeant le mandat des députés n’est pas limité. Cela veut dire que jusqu’en 2030, les députés peuvent être là-bas. Nous avons un fichier électoral qui n’en est pas un parce que l’audit qui a été fait a révélé qu’il est si corrompu qu’il faut tous ceux qui sont enrôlés en 2008, 2013 et 2015 ainsi que ceux qui ne se sont pas enrôlés repassent devant les Carles (Commission administrative de révision des listes électorales) pour se faire recenser. C’est la recommandation fondamentale de l’audit du fichier électoral. Nous sommes le 12 avril, c’est que l’atelier de Kindia n’aura lieu avant mai prochain. Si un jour il a lieu, le premier élément du chronogramme c’est de sélectionner un opérateur pour faire la révision du fichier électoral. Cela prendra au moins un mois. On sera pratiquement en juillet. Dans ce cas, l’arrivée des kits et leur déploiement à travers le pays ce sera en août. La formation des agents recenseurs à l’utilisation des kits ce sera en septembre pour qu’en octobre ce soit le déploiement les kits sur l’étendue du territoire national et dans les ambassades à travers le monde. Donc, la révision interviendra en début décembre 2019. La collecte des données prendra au moins 3 mois et il faut les traiter, voyez-vous? Nous serons déjà en 2020. Même pour le référendum pour lequel les gens sont en train de dépenser notre argent, il n’y en aura pas parce qu’il n’y a pas de fichier électoral. Les gens ne voient pas ce piège-là. Aujourd’hui, le Rpg est en train de rire dans les intestins après que l’opposition ait mordu à l’appât à cause des pécules qu’on donne aux députés. Une fois qu’ils sont allés siéger, c’est terminer ! Il n’y aura pas d’élection jusqu’en 2020. Alpha va glisser en 2020. Personne ne lui jettera la pierre, parce que personne n’aura jeté la pierre sur les députés périmés. Et la Guinée deviendra une République périmée. Nous allons encore recommencer la marche laborieuse vers la reconquête de la route pour remettre la Guinée sur les rails de la démocratie. Voyez-vous?, la situation devant laquelle nous sommes, c’est l’apocalypse.
Après tout, vous acceptez d’appartenir à une même plateforme que ces gens que vous dénoncez. Pourquoi?
Ce sont eux qui viennent en nous parce que nous, nous sommes cohérents.
Vous n’êtes pas obligés quand même de les accepter?
Nous sommes cohérents avec nous-mêmes. Ceux-là sont venus, on ne peut pas les chasser. S’ils viennent pour nous aider à chasser à Alpha Condé pour ne pas qu’il y ait un 3e mandat, nous ne les chasserons pas. Ce qui ne va pas se passer, c’est de nous prendre pour les accompagner puisque le Bloc libéral est aujourd’hui l’un des rares partis politiques crédibles en Guinée.
Quel commentaire avez-vous sur la nomination de l’ex-préfet de Mali, le fameux colonel Issa Camara?
Nous allons publier une déclaration pour demander aux populations de Yomou de ne pas l’accepter et pour dire à Alpha Condé de respecter le peuple de Guinée. Un délinquant comme Colonel Issa Camara? Alpha s’est servi de gens au cerveau vide comme Resco Camara, l’ancien gouverneur de Conakry, qui ont semé la terreur et même tué des gens, etc. Son intention de faire du colonel Issa Camara commandant du plus grand camp militaire de la Guinée, le camp Alpha Yaya Diallo, montrait déjà les intentions criminelles d’Alpha Condé. Il est en train de réunir des gens sans foi, sans âme, qui peuvent semer la terreur en son nom et pour son profit. C’est pourquoi, il a tenté en donnant d’abord à Issa un grade de colonel qu’il ne mérite pas après avoir semé la terreur à Mali. Il a été condamné pour indiscipline, c’est un délinquant. Je remercie les soldats, les officiers et sous-officiers du camp Alpha Yaya qui ont dit non à la nomination du colonel Issa Camara comme leur commandant. Alors, Alpha Condé a trouvé que c’est à Yomou qu’il peut aller. Notre déclaration va sortir pour dire aux populations de Yomou qu’Issa n’a pas sa place chez elles. Issa n’a sa place que dans la prison. Honnêtement, seul sous un président comme Alpha Condé, un Issa peut bénéficier d’un décret lui confiant la responsabilité d’administrer même 5 personnes.
Réalisée par
Abdoul Malick Diallo (Le Populaire)