Il est facile de « déconstruire que de construire », nous enseigne un dicton. A une année de la fin de son deuxième mandat en 2020, Alpha Condé tente bien que mal de rassurer les Guinéens « d’en bas », de l’intérieur du pays, qui ont massivement voté pour lui au cours des élections présidentielles de 2010, ensuite 2015. Dans le même contexte, l’électorat urbain ne semble plus faire confiance en lui. La généralisation des crises dans la capitale Conakry en fait foi, où des quartiers réputés calmes ont imité ceux de l’axe Bambéto-Coza.
Aujourd’hui l’offensive du président Alpha Condé dans la Guinée profonde n’est pas gratuite, surtout à l’heure où des suspicions vont bon train concernant la question sacro-sainte du « troisième mandat », laquelle il n’a jamais donné une réponse précise, s’il sera ou non candidat en 2020.
Trou d’air politique
Au-delà de ces chantiers dans le cadre des fêtes tournantes de l’indépendance de la Guinée dans plusieurs villes du pays, l’instabilité politique reste néanmoins son talon d’Achille. Tant d’accords politiques entre le pouvoir et l’opposition signés mais pas d’effets pour garantir la stabilité du pays. Au sillage de ces soubresauts politiques, le sang des Guinéens a coulé – et que la justice ne parvient toujours pas à pointer du doigt les coupables. Raison de plus pour l’opposition républicaine et son chef de file de monter la température politique afin d’obtenir « l’après Alpha ». Mais vu la situation du moment, le retard des élections législatives, (censées se tenir fin décembre 2018) ne font pas long bruit. Un glissement du calendrier politique serait possible en 2020.
Alpha Bâtisseur !
Sans mauvaise foi, depuis l’indépendance du pays, le président Alpha Condé aura été celui qui a redonné âme à la diplomatie guinéenne, mettant le pays au-devant de la scène africaine et internationale. Sa présidence en qualité du président en exercice de l’Union africaine (UA) en 2017 est une illustration. Ce n’est pas n’importe qui, qui devient président au niveau de cette instance africaine. Mais l’histoire retiendra qu’il fut le premier président guinéen d’avoir occupé ce poste.
Il a aussi investi dans l’énergie même si l’audit n’a pas suivi pour plus de transparence. Barrage Kaléta est une aubaine pour le guinéen lambda. Il a aussi investi dans la reconstruction des routes. Cela est un travail à saluer. Pour permettre à l’ensemble des Guinéens de partager le fruit de la croissance. Tout n’a pas été fait. Mais le président Alpha Condé n’est pas le plus mauvais des présidents guinéens.
Editorial de Mamadou Dian Bah