Mohamed Lamine Kaba a été directeur de campagne du candidat du RPG, le professeur Alpha Condé au Sénégal et dans les pays limitrophes : Cap-Vert, Gambie et Mauritanie pendant les élections présidentielles de 2010, avant de faire le choix de rester dans l’opposition en qualité de leader du parti Force des intègres pour la démocratie et la liberté (FIDEL).
Droit dans ses bottes, il a bataillé dur lors des élections municipales du 4 février 2018, pour se faire élire vice-marie de Faranah.
A quelques mois de la fin du second et dernier mandat d’Alpha Condé à la tête du pays, Kaba ne souhaite pas que les guinéens accordent un feu vert à l’actuel président pour se présenter au rendez-vous historique de 2020.
Le Populaire : Bonjour, monsieur le vice-maire de Faranah. Avec ce qui se passe actuellement au pays, vous avez certainement mal au cœur ?
Mohamed Lamine Kaba : En tant qu’ancien responsable politique du RPG (Rassemblement du peuple de Guinée, ancêtre du Rpg Arc-en-ciel, ndlr), je suis sidéré par l’orientation que se fixe ce parti qui était à l’avant-poste des luttes démocratiques que notre pays a menées dans un passé récent. Le RPG qui était au premier plan de la lutte que l’opposition politique organisée contre le 3e mandat du général Lansana Conté, n’est pas censé promouvoir le troisième mandat d’un autre guinéen fut-il professeur Alpha Condé. C’est aberrant. C’est contraire au bon sens. C’est contraire aux valeurs républicaines que nous avons défendues ensemble. Ils ont renié le parcours patriotique et républicain du RPG. Ils ont annihilé l’histoire glorieuse du RPG. Ils ont abaissé le niveau moral de la politique. Ils sont prêts à défendre l’intérêt insatiable d’un monarque quitte à conduire le pays à l’abime.
Que reprochez-vous concrètement aux promoteurs de la révision constitutionnelle ?
C’est vous qui parlez de la révision constitutionnelle, les quidams parlent du changement constitutionnel en un mot d’une nouvelle constitution. Lisez la constitution, du premier jusqu’au dernier article. Nulle part vous n’avez une disposition qui annonce la procédure du changement constitutionnel ou d’adoption d’une nouvelle constitution. Selon l’article 23, aliéna 6 de la Charte africaine de la démocratie des élections et de la gouvernance, toute révision ou modification de la constitution cherchant à confisquer l’alternance est anticonstitutionnelle et punie par l’Union africaine (UA). Selon l’article 552 du Code pénal guinéen, le changement constitutionnel est considéré comme un attentat, comme une atteinte grave aux intérêts fondamentaux de la nation et puni de la réclusion criminelle à perpétuité. Toute la question est de savoir où sont ces juges, qui sont prompts à s’autosaisir quand il s’agit de traquer, de juger et de condamner les frontistes opposés au projet du 3e mandat. Pourtant, ils devraient sévir contre les violateurs de la constitution qui sont les promoteurs du projet du 3e mandat.
Que dites-vous aux opposants à ce projet de révision ?
Je me fais le devoir de lancer un appel républicain à tous les patriotes guinéens de coordonner une action citoyenne autour du Front national pour la défense de la constitution (FNDC) en vue d’avorter ce projet du 3e mandat. Pour rien au monde, ne cédons à l’intimidation ni au chantage. Ce qui est en jeu, c’est l’avenir de notre pays, c’est la promotion d’un état de droit. Ensemble, menons une opposition farouche contre cette séquestration de la liberté collective et contre cette rétrogradation sans précédent.
En actualité, après Kaporo-rails, Dar es Salam connait son opération de déguerpissement pendant ce mois de ramadan alors que les grandes pluies ont déjà endeuillé Dabondy avec son lot de morts et de dégâts matériels. Quelle analyse vous, leader du parti Fidel, faites-vous de tous ces événements ?
Je présente mes condoléances aux familles endeuillées suite à ce drame de Dabondy. Malheureusement, l’Etat crée plus de problèmes que de solutions. Le déguerpissement doit être la phase finale et non le début. Selon l’article 5 alinéa 1 de la constitution : « La personne humaine et sa dignité sont sacrées. L’Etat a le devoir de les respecter et de les protéger », fin de citation. Au regard de cette disposition constitutionnelle, l’Etat a failli à son devoir, car mettre les citoyens dans la rue sous prétexte de récupérer les domaines de l’Etat est une transgression à la constitution. Un Etat soucieux de la protection de ses citoyens aurait aménagé des logements décents avant de déguerpir ces derniers. Pas en les livrant à la merci de la nature en cette saison des pluies et du mois de ramadan. C’est pathétique. L’Alpha-gouvernance est une calamité, un malheur public. Ensemble relevons ces défis auxquels nous sommes confrontés.
Par Le Populaire