S’il y a quelque chose en Guinée dont l’opinion ignore vraisemblablement, est la statistique des enfants qui ne vont pas à l’école. Dans un contexte où l’État guinéen tente de redoubler d’efforts pour que le slogan enseignement pour tous soit une réalité. (Entretien)
En parlant de cette problématique sociétale, votre quotidien en ligne s’est rapproché auprès d’une ONG humanitaire, œuvrant dans le cadre du processus de scolarisation des enfants orphelins et des enfants non scolarisés de Guinée dont les parents n’ont pas les moyens de le faire.
A la recherche de ce type d’action humanitaire, nous avons rencontré une volontaire, Bintou Condé, fondatrice et présidente de l’ONG, Les Petits Anges de Guinée. Dame Condé est une compatriote vivant en Belgique, pays où elle collecte ses fonds uniquement pour aider les petits enfants de son pays la Guinée. Notamment dans le cadre d’une vague sensibilisation pour que les enfants orphelins retrouvent le chemin de l’école.
L’ONG, Les Petits Anges de Guinée est active sur le terrain depuis 2011, date à laquelle elle fut créée par dame Bintou Condé, vivant en Belgique, le pays où elle réside. Comme pour tout bon compatriote vivant à l’étranger, soucieux d’apporter quelque chose de progrès pour le devenir radieux de son peuple. Bintou Condé a pensé de son enfance. Elle a été orpheline de mère. Dira-t-elle, « le souvenir de ce manque d’amour, quand un enfant perd un de ses parents à bas âge ». La présidente de cette ONG a vécu dans cette situation.
Elle perdra sa maman lorsqu’elle avait treize ans. Une circonstance qui est restée dans sa mémoire. Et à travers laquelle son ONG, Les petits Anges de Guinée, tente aujourd’hui de scolariser les enfants orphelins avec les dons venant des personnes de bonne volonté vivant en Belgique.
Parlant de son ONG, dame Bintou Condé parle de sa motivation :
« Ce qui m’a motivé, c’est que je venais souvent dans mon pays, et j’ai vu la condition de vie des enfants de Guinée. Moi-même j’ai été orpheline de mère, je suis une orpheline de mère. Ma maman que j’ai perdue quand j’avais treize ans. J’étais bien dans ma famille, mais j’avais ce manque d’amour maternel. Alors je me suis dit les enfants orphelins je peux être un peu leur maman. Donc c’est de cette idée, le fait de venir dans mon pays, voir les enfants dans la rue, dans les orphelinats, les enfants qui ne vont pas à l’école, parce que les parents ne peuvent pas les aider. Excuse-moi, je dirai que la maman guinéenne a un peu démissionné ».
En termes d’éducation, dame Bintou Condé a inscrit beaucoup d’enfants à Conakry, dans les écoles privées et publiques. Et elle a quelques-uns de ses protégés à Boffa chez les religieuses qui travaillent pour ses mêmes actions humanitaires.
« Ma première orpheline que j’ai mise là-bas était une fille que j’ai rencontrée à Boffa, qui faisait le berger avec ses parents. Cette fille n’avait jamais fait l’école, je l’ai vue, elle avait son frère au dos, et j’ai demandé sa maman, on m’a dit que sa maman est décédée. Je me suis retrouvé à treize ans quand ma maman est décédée et que je prenais le dernier de mes quatre frères au dos. J’ai eu larme aux yeux quand on me disait que cette fille ne va pas à l’école.
Je me suis battu avec sa grand-mère, pas physiquement, qui ne voulait pas que cette fille aille à l’école. Parce que c’est cet enfant qui puisait de l’eau au marigot, balayait la case et faisait tout et tout.
Mais j’ai demandé à sa grand-mère pourquoi vous ne voulez pas que cette fille aille à l’école, mais je lui ai dit vous ne voulez pas que votre enfant soit médecin, avocate, infirmière et tout ? Mais je dis là ça ne va pas. Je lui ai même menacé que si elle n’arrivait pas à me donner l’enfant qu’on allait partir en justice.
Je lui ai dit de réfléchir, je dis, moi, si je fais c’est parce que j’ai été à l’école un peu. Alors j’ai pu la convaincre. Elle m’a donné cet enfant. Il avait dix ans sans jamais aller à l’école. Il n’avait même pas d’acte de naissance. J’ai fait son acte de naissance. Je l’ai amenée à l’internat chez les religieuses à Boffa. Et elle est passée en troisième année. Cette petite fille Adama Djouldè Bah est aujourd’hui première de sa promotion, et, ça fait ma fierté… »
En outre, l’occasion a été pour elle dans cet entretien de remercier certaines femmes, qui l’ont aidée à réaliser certaines de ces actions sur le terrain. Il s’agit de l’ex-ministre de l’action sociale et de la promotion féminine, Sanaba Kaka, Nantou Chérif du bureau politique national du RPG et dame Diakabèn Diakité, qui l’ont accompagnée durant ses séjours en Guinée dans le cadre de l’exécution de son plan d’action.
Par ailleurs, dans nombreux pays africains, abandon et prise en charge des enfants sont devenus une problématique centrale pour la protection de l’enfant. Face au manque de données, la vision des organisations internationales prend donc appui sur une approche a priori qui permet seulement de constater la complexité des situations et des comportements à travers les sociétés et les cultures comme au sein d’un même groupe. Le savoir, anecdotique ou hypothétique, est utilisé comme bon ou mauvais exemple relativement à une certaine éthique ou morale, accusant ou valorisant des acteurs et des pratiques et visant à protéger l’enfant.
Moussa Diabaté