Depuis que le chef de l’Etat guinéen, Alpha Condé, a dit récemment au cours d’un conseil des ministres, d’avoir « pris acte de la volonté librement exprimée par la totalité des membres du gouvernement de s’inscrire résolument dans la dynamique du référendum pour une nouvelle Constitution (…), ses opposants politiques farouchement opposés à tout projet de changement constitutionnel, n’en démordent pas de prendre l’assaut des médias pour dénoncer l’attitude du président Alpha Condé, de vouloir changer à tout prix la Constitution.
Le président du Parti, Forces des intègres pour la démocratie et la Liberté (FIDEL), autant vice maire de la commune urbaine de Faranah, Mohamed Lamine Kaba, dont nous lui avions eu en entretien, précise à alerteur.com que, « c’est une aberration », de changer la Constitution. Lisez !
« Je crois que nous sommes à un point critique. Lorsqu’on sait que la loi a limité naturellement le nombre de mandat. Et que les membres du gouvernement proposent au président de la République, de prendre un acte d’agir afin de lui permettre à un troisième mandat, c’est-à-dire, en passant par une nouvelle Constitution.
En principe, c’est le rôle du peuple. Si le président devait prendre acte de quelque chose. C’est l’avis du peuple. Je me rappelle à Kindia, il disait qu’il attend à ce que le peuple s’exprime, qu’il attend l’expression de la population. Le gouvernement n’est pas le porte-parole de la population guinéenne au point de dire qu’il prend acte de ce qui a été décidé par le gouvernement. C’est une aberration.
On se rappelle du cas du président Issoufou du Niger où deux promoteurs du troisième mandat ont été arrêtés, traduits en justice et sont enfermés. Dans ce pays, le débat est clos. C’est le lieu de remercier le président Issoufou du Niger, de son discours (pendant le 55 e sommet de la Cedeao, Ndlr), où il a interpellé tous les chefs d’Etat africains de respecter la Constitution. Je pense que cette adresse est à l’endroit du président Alpha Condé. Parce que, c’est lui qui caresse cette idée-là maintenant. C’est calamiteux ce qui se passe. Et faudra-t-il rappeler que selon les articles des normes juridiques, les traités priment sur la Constitution. Selon la Charte africaine de la démocratie, des élections et des gouvernances, en son article 23, alinéa 5, dit que toute révision des principes électoraux ayant dans le sens de confisquer l’alternance, est anticonstitutionnel. Et c’est exactement ce qui se passe aujourd’hui en Guinée », affirme Mohamed lamine Kaba.
Et de préciser s’agissant du référendum : « personne ne s’oppose à un référendum qu’on peut appeler révision ou amendement, ça, c’est son droit. Mais une nouvelle Constitution comme ils veulent se tailler. Est illégale. Dans la Constitution, vous n’avez nulle part vu écrit comment abattre une Constitution et créer une nouvelle. Vous n’avez pas ça. Donc, on ne peut changer la Constitution, mais on peut modifier, parfaire (…).
Il aime toujours prendre l’exemple de la France, cinq Républiques. Mais les cinq républiques françaises n’étaient pas des républiques successives (…) c’est pour des raisons conflictuelles qu’une république se crée. Une République est créée lorsque nous avons une instabilité, lorsqu’il y a un blocage institutionnel, ou nous sommes sortis de la guerre, ou nous voyons quand même qu’on a des lacunes au point qu’on ne pourra sortir sauf une nouvelle Constitution. Et ce cas ne pose pas en Guinée. Ils veulent remettre le compteur à zéro et permettre à tout le monde de se représenter, y compris Alpha Condé, que nous nous appelons 3 e mandat. Amoulanfé (…) ».
Propos recueillis par Mamadou Dian Bah pour www.alerteur.com
655 24 14 58