Le coup d’État contre Alpha Condé relève moins d’une action militaire accompagnée du désir d’un changement voulu par le peuple. Le Mali par exemple a fait plus de 6 mois de contestation sociale – qui a créé un besoin d’intervention militaire pour renverser le président Ibrahim Boubacar Keita (IBK). La Cédéao était déjà alertée sur les prémices d’un changement du régime. Nombre d’observateurs ont vu venir le cas malien. Le président IBK ne gérait plus normalement les appareils étatiques. Les soldats maliens ont sauvé leur pays pour éviter le bordel. Et Bamako faisait face à un récurrent problème institutionnel né notamment de la recrudescence du terrorisme. Car le Nord du pays est devenu un champ de bataille où cohabite une mosaïque de forces armées étrangères – dont à domination française.
Le putsch intervenu le 5 septembre 2021 en Guinée a surpris tout le monde, et même les adversaires d’Alpha Condé. Les putschistes pour obtenir des adhésions populaires, ont fait parader le président Alpha Condé au milieu d’une foule acquise à l’opposition – où on pouvait voir la scène de liesse. La Cédéao a vite compris le scénario – et a fait venir une délégation à Conakry pour s’acquérir de la situation. Dans tout coup d’État au monde, les putschistes déclinent tout d’abord la durée de la transition qu’ils comptent faire – et articulent ensuite les grandes lignes de la période d’exception – c’est le seul fait qui peut créer un mouvement d’ensemble pour accompagner la transition – et de procréer aussi une parfaite légitimité envers les putschistes.
L’autre difficulté chez les putschistes – c’est le fait qu’Alpha Condé n’arrive toujours pas à démissionner pour favoriser le démarrage réel de la transition. [Et si quelque chose lui arrivait], les putschistes seront la cible de la communauté internationale. Et l’acte sera considéré par certains observateurs comme un crime odieux contre un président en exercice. La transition, elle-même cédera la place à une grande instabilité. Aujourd’hui, il est urgent pour les putschistes d’épuiser la question Alpha Condé avant tout démarrage de la transition. Car l’étape est cruciale.
Ibrahim Sylla