Partout et pour tout ce qui se fait dans la cité depuis 2010, on le cible de critiques pour sa mal gouvernance aggravée, l’absence de remède à sa carence d’humanisme à l’égard des victimes dont les plus connues habitent l’axe Hamdallaye-Bambéto, le manque de mesures d’accompagnement des déguerpis de Kaporo-rails. Le Pr Alpha Condé assume. Souvent, il riposte à sa façon. Et dans son français à lui, il apporte des justifications à son projet de casse.
En exemple, ce samedi 2 mars 2019 alors qu’il était venu à l’hôtel Sheraton où l’attendaient des patrons et des investisseurs réunis à l’occasion d’une « Journée du partenariat public-privé » pilotée par le ministère du Budget en partenariat avec la Douane nationale dirigée par le général Toumany Sangaré et le Port autonome de Conakry dont la directrice générale est Mme Aissata Aribot, le Pr Alpha Condé n’a pas trouvé mieux que d’évoquer l’affaire Kaporo-rails qui défraie la chronique et qui apeure les potentiels investisseurs étrangers.
Devant ce beau monde qui attendait un discours sur comment faire du business et gagner beaucoup d’argent durant le restant de son mandat qui finit l’an prochain, le Pr Alpha Condé a déclaré ceci : «On a pris la mauvaise habitude, il n’y a pas de civisme. Chacun se rend justice, on gâte n’importe comment. On construit des routes, les gens viennent envahir et vont jusqu’à construire sur le goudron. Lorsque j’ai cassé les maisons dans la forêt (d’à-côté), les gens ont commencé à crier. Mais un mois après, il y a eu 1 000 morts à Freetown ! » Le Pr Alpha Condé met cela sur le compte de « l’indiscipline » qui, dit-il, « a amené les gens à construire même dans les marécages ». La preuve ? Sous « la deuxième République », le régime du général Lansana Conté « a dégagé 60% de Kaporo-rails. Il restait peu. Mais les gens sont venus occuper de nouveau et de façon illégale ». D’où la décision d’Alpha Condé de tout casser. Car, avertit l’ancien opposant historique qui avait lui-même accusé le régime Conté de piller et de casser les propriétés des citoyens dans cette zone voisine de l’axe Bambéto-Cosa fidèle à l’opposant Cellou Dalein Diallo, « il n’y aura pas d’état d’âme pour tous ceux qui occuperont les domaines de l’Etat.»
L’auditoire ne s’y prêtait pas. Ceux auxquels il s’est adressé – dans un français approximatif pour un ancien sorbonnard – n’étaient pas du tout réunis dans ce bel hôtel pour l’écouter discourir sur du Kaporo-rails, mais sur comment faire gagner de l’argent à qui le veut. Soit.
A la vérité, le chef de l’Etat se débat comme un poisson isolé dans la nasse. Il a compris qu’il ne peut ni sortir sans être bon pour le barbecue du jour, ni changer l’état des choses encore mois aider qui que ce soit à trouver mieux pendant qu’il est dans cet engrenage. Et si donc on changeait momentanément de discours sur les agissements destructeurs d’Alpha Condé pour scruter d’autres horizons ?
Par Gordio Kane