L’échec des élites. C’est la rengaine de la junte militaire qui a renversé Alpha Condé le 5 septembre 2021. Ici nous profitons de vous faire lire une ancienne contribution qui s’adapte au contexte actuel, le travail intellect est de l’Association guinéenne des économistes, qui a esquissé un nombre important de recommandations.
Des événements, il y en eu ces derniers mois en Guinée :
la crise constitutionnelle ; celle des revendications salariales menées par les syndicats enseignants du SLEEG, les crises électorales suite au scrutin communal du 4 février 2018 entrainant des morts, des pillages, des destructions des biens publics et privés (maisons, motos, et véhicules) dans les villes et à travers tout le pays et les tensions sociales suite à l’augmentation du prix du carburant, la concession du terminal conventionnel a la société turque ‘’Al bayrak’’, l’instabilité politique et sociale, et enfin la création du FNDC (Front national pour la défense de la constitution) et la naissance de la coalition démocratique pour une nouvelle constitution(codenoc) n’augurent point des lendemains meilleurs pour notre pays si rien n’est fait.
L’annonce du lundi 7 octobre 2019 du début des manifestations sur l’ensemble du territoire national et la réaction des autorités en ce jour du mardi 8 octobre 2019 constituent de sérieuses menaces sur la stabilité politique et sociale dans ce pays, un obstacle pour la mise en œuvre des objectifs de développement économique et social essentiel pour sortir nos populations de la pauvreté et du chômage.
Si nous saluons l’organisation des fêtes d’indépendance du 2 octobre chaque année qui est une occasion de rassembler les Guinéens et prouver que l’unité est possible, mais ces évolutions actuelles n’augurent en rien à un avenir radieux pour notre pays.
Ces événements malheureux nous interpellent et nous imposent à comprendre que nous devons tous œuvrer ensemble pour créer les conditions du développement de notre pays et ne pas détruire le peu que nous avons durablement construit après plus de 60 ans d’indépendance sans jamais voir le bout du tunnel ; notre pays ne mérite pas ça.
Depuis 2010, il est évident que notre pays est effectivement de retour sur la scène internationale : sa voix compte désormais, le pays a pris sa place dans toutes les instances régionales et internationales, les institutions financières du développement et la sollicitation remarquée de ses dirigeants au niveau des différentes instances pour la résolution des conflits et problèmes du développement qui assaillent le continent.
La relative stabilité actuelle, les opportunités du financement exprimées à l’égard de notre pays et la nouvelle stratégie du développement du pays à laquelle adhèrent l’ensemble des partenaires au développement doivent être saisies comme une nouvelle chance de prospérité économique et sociale pour notre cher pays.
Ce pays mérite-t-il cet état de pauvreté et d’absence de développement au vue de toutes ces opportunités connues et non connues ?
Si non, alors pourquoi chercher des troubles, tensions, crises sociales et politiques à empêcher la mise en œuvre de ce processus de développement dont la réussite sera bénéfique, nous l’espérons vivement pour la majorité des Guinéens.
Le président professeur Alpha Condé, le chef de fil de l’opposition, les autorités religieuses et autres acteurs politiques ainsi que la société civile et tous les acteurs influents de ce pays doivent appeler à l’union des Guinéens dans la diversité pour entamer enfin la construction de ce pays qui a tant souffert d’instabilité sociale et politique depuis plusieurs décennies.
Les exigences du développement, les défis auxquels ce pays est confronté nous condamnent à nous entendre et à donner la chance a ce peuple à demeurer ensemble dans la paix. C’est à ce seul prix que la Guinée pourra atteindre l’émergence économique tant souhaitée et difficile à réaliser.
Le président de la république dans sa sagesse légitime, les présidents des institutions républicaines ainsi que les acteurs politiques influents de tous bords auxquels s’ajoutent les personnalités respectables pour leur intégrité, doivent former une large coalition pour combattre la pauvreté, le chômage, la corruption, l’ethnocentrisme et donner enfin la chance a ce pays de retrouver le chemin de la prospérité et du développement.
Ces dernières semaines, nous assistons à la persistance de l’instabilité politique aggravée par les positions tranchées sur le débat portant sur la modification de la Constitution.
Notre élite doit œuvrer pour l’amélioration des conditions de vie des populations qui passe par une prise de conscience collective et le respect de notre peuple dans sa légitime quête vers le développement et la prospérité.
Quel mérite peut-il se prévaloir une élite si elle n’est pas capable après tant de décennies de sacrifices acceptés par les populations et d’opportunités de développement manquées pour le pays ?
La Guinée, notre cher pays est malade malgré les efforts importants en termes de politiques publiques : l’école, les infrastructures économiques, la gouvernance, la sante, le chômage, développement local sont toujours d’actualité dans l’agenda des autorités et de la majorité des populations de ce pays.
Refusons à travers nos inconséquences à détruire davantage ces acquis certes modestes. Ce ne serait dans l’intérêt de personne de voir notre pays détruit par ses propres fils qui se qualifient de patriotes, d’intellectuels et de compétences pour des intérêts égoïstes.
Certes des efforts ont été consentis par le gouvernement depuis 2011 pour faire de l’école guinéenne une école compétitive même s’il reste encore beaucoup à faire pour redonner à cette jeunesse en manque de repère une vraie formation afin d’éviter les échecs du futur de ce pays ; privilégions l’intérêt supérieur de la nation, oublions les egos et mettre en avant le sursaut patriotique car notre pays ne mérite pas ça.
Les pays qui connaissent aujourd‘hui un développement durable, ils l’ont obtenu en grande partie grâce à l’aptitude de leurs dirigeants à imposer au peuple un comportement favorable à la productivité et à l’efficacité économique. Mais le bon exemple donné par l’élite elle-même est primordial :
l’acceptation des lois et règles,
la discipline,
la promotion du savoir et de la connaissance dans la communauté nationale,
le développement des initiatives individuelles,
l’intégrité dans la gestion de la chose publique,
l’encouragement et la promotion de l’épargne nationale,
faire du travail une valeur sûre qui donne la dignité et la personnalité
encourager l’esprit d’entreprise,
enfin lutter contre l’injustice sous toutes ses formes.
Le développement de l’entraide mutuelle en matière de dépense en faveur des moins nantis de la société qui est conforme à l’esprit de notre foi religieuse, peut aller de pair avec l’efficacité économique. Cela prouvera que nos efforts collectifs peuvent aider nos sociétés à limiter nos demandes sociales envers l’État pour corriger les inégalités sociales qui ont atteint une proportion peu enviable dans notre pays et nous permettre de réduire considérablement l’extrême pauvreté qui reste importante.
La faible incidence de l’extrême pauvreté dans la plupart des pays musulmans s’explique essentiellement et pour une large part à la forte solidarité qui existe dans ces pays indépendamment des efforts de l’État ; cela doit être une source d’inspiration pour nos populations et les autorités de ce pays.
Si dans cette quête légitime vers l’émergence et le développement, le peuple doit jouer sa partition, nos autorités à qui nous demandons humblement de concevoir et à mettre en œuvre des stratégies et politiques de développement qui sont adaptées à nos valeurs et conforment aux exigences de la mondialisation.
Comme solutions :
Au plan économique, le peuple attend des reformes judicieuses et la promotion de la bonne gouvernance qui doivent donner des résultats tangibles appréciés des Guinéens ;
Au plan politique, il faut saluer l’appel du chef de l’État pour la consultation de tous les acteurs.
Nous souhaitons que le président de la république écrive une nouvelle histoire de la Guinée qui, si elle doit passer par une nouvelle Constitution, celle-ci sera acceptée par la majorité des Guinéens.
Il faut saluer la main tendue des autorités envers l’opposition politique pour permettre de faire baisser les tensions.
L’opposition qui a son statut renforce par la Constitution et est vivement appelée à se structurer pour être un contrepoids au gouvernement et une alternative crédible dans le cadre d’une démocratie apaisée.
Les reformes sociales plus audacieuses sont attendues : pour avancer avec succès dans les réformes économiques et politiques, il faut mettre à niveau nos concitoyens sur les mutations sociales mondiales et les valeurs qui emportent le succès dans les marchés globalisés, un nouveau type de Guinéen à travers un changement de mentalité est nécessaire.
Et la culture peut largement y contribuer :
Le Guinéen doit être caractérisé par un ensemble des valeurs dont entre autre : l’intégrité, la responsabilité, l’éthique, le leadership et patriotisme économique.
Notre culture doit être capable de créer des leaders dans tous les domaines et particulièrement en politique, des responsables à tous les niveaux en vue d’impulser et coordonner de façon responsable la mise en œuvre de nos projets et programmes de développement.
Le retard économique et social du pays est difficile à expliquer au vu de son potentiel.
Une élite qui a comme valeurs :
l’intégrité ;
le patriotisme économique ;
les valeurs de compétence ;
la fierté d’appartenir à une nation et un peuple qui mérite le développement et la prospérité ;
primauté à l’intérêt supérieur de la nation.
Ces valeurs partagées par une élite consciente pourront nous sommes convaincus d’amener celle-ci à faire la fierté d’un peuple – et serait capable de se comparer aux élites des pays qui ont pu relever les défis de la pauvreté, du chômage, de l’ignorance et de la bonne gouvernance dans les pays moins nantis que notre Guinée.
C’est à ce prix que l’émergence économique et le développement inclusif seront au rendez-vous dans ce pays, car ce peuple ne mérite pas ça.
La qualité d’une élite doit être mesurée dans un pays comme le nôtre à travers ses performances au moins :
en termes de réduction de taux élève de pauvreté qui est à(63 %) ;
dans la baisse significative du niveau de chômage qui est à(52%) ;
par l’amélioration de la qualité de la gouvernance ;
par la qualité de la gestion des managers des entreprises publiques à réduire les subventions publiques ;
par sa capacité à améliorer la qualité de la répartition de la richesse créée ;
améliorer le classement de la Guinée pour le soustraire de la liste des 20 pays considérés comme les plus corrompus du monde ;
la hausse du pouvoir d’achat ;
réduire le taux élevé d’analphabétisme (plus de 60%).