À sa demande, notre reporter s’est soumis à un exercice long d’entretien avec M. Issa Wagué, enseignant de son état, mathématicien et ancien élève de l’école de Manéah. Aujourd’hui, il dit avoir fait plus de 30 ans dans l’enseignement. Mais trouve assez « d’abus « dans les revendications du Slecg de Aboubacar Soumah, pour obtenir de l’Etat guinéen huit (8) millions de francs guinéens comme salaire de base. Mais Wagué Issa préfère les mesures d’accompagnement de l’Etat afin que chaque enseignant puisse avoir un logement décent avant sa retraite. (Entretien fleuve) Bonne lecture !
« Je trouve maintenant qu’il y a un abus dans cette grève qui continue jusqu’à présent par endroit »
Issa Wagué : La grève du Sclecg. En fait, une grève pour un travailleur est un droit reconnu par nos lois. Même le code du travail le reconnaît. Le bureau international du travail reconnaît. Mais il y a la façon de faire, et il y a une opportunité à saisir pour s’engager dans une grève dans un pays qu’on connaît et qu’on sait souvent. C’est pourquoi je trouve maintenant qu’il y a un abus dans cette grève qui continue jusqu’à présent par endroit. Dommage d’ailleurs pour les grévistes, au jour d’aujourd’hui, je peux dire que la grève est en train de finir. Maintenant par des négociations autour de la table, je ne sais pas, mais en tout cas le détail réel de cette grève sur le terrain, c’est qu’une bonne proportion, je peux dire la majorité a rejoint déjà les classes, au niveau des profs et au niveau des élèves.
Vous qui aviez vécu plus de trente (30) ans dans l’enseignement, est-ce aujourd’hui vous pouvez dire que l’approche du Slecg en matière de revendication salariale est une bonne chose ?
Issa Wagué : C’est en cela que j’ai dit que cette grève engagée par le Slecg de Aboubacar Soumah est une grève qui n’est pas partie sur des bases un peu scientifiques et un peu coordonnées. En ce sens que si on se lève en tant que syndicaliste, qui est un partenaire privilégié sur le plan social avec l’Etat. Vous vous levez en tant que syndicalistes, vous revendiquez pour une frange partie de la population qu’on appelle enseignants, qui constituent d’ailleurs 44 000 à peu près sur les 92 000 fonctionnaires de la Guinée. Tu te lèves donc pour dire chacun de ceux-là doit avoir huit (8) millions, moi je pense que dans le cadre des revendications en général, ce qu’on a connu dans ce pays, les revendications se font sur des accessoires de salaire et dans un contexte de pourcentage. En termes de pourcentage, on peut revendiquer sur les accessoires de salaire. Par exemple, on peut prendre sur la prime de craie pour les enseignants. Parce que la prime de craie est l’élément fondamental justifiant ce que l’enseignant fait ; la prime de préparation, la prime de documentation. Voilà des accessoires qu’il faut faire en sorte que l’enseignant se sente à l’aise.
Le projet de construction des logements sociaux que le gouvernement avait annoncé pour accompagner les enseignants, est-ce que vous trouvez ça comme une sortie de crise ?
Issa Wagué : Je voudrais le dire d’ailleurs dans la plateforme de revendication de l’éducation. Normalement le syndicat devrait parler de l’amélioration des conditions de travail de l’enseignant. Surtout cela veut dire quoi ? c’est-à-dire cet enseignant qui a une carrière qui s’étend sur trente (30) ans, trente-cinq ans et quarante ans, etc. Qui a commencé avec ce maigre salaire, est-ce dans sa carrière il peut se faire une maison, pas pour lui mais pour sa progéniture. Je dirai non, parce que je suis en train de pratiquer. Durant toute ta carrière, tu n’as aucun fond bancaire. Mais qu’est-ce qu’il faut alors ? l’Etat étant un partenaire privilégier sur le plan social doit penser à améliorer les conditions de travail en donnant à chaque enseignant son logement. Quand tu as logement, tu payes moins l’eau, les services sociaux de base sont presque soulagés par les subventions de l’Etat. C’est comme ça se fait ailleurs. Quand un enseignant doit complètement payer les frais d’hospitalisation de sa petite famille, ça devient problème. S’il doit payer par exemple à Conakry le transport des enfants, son transport à lui et les frais de scolarités de ses enfants, moi je trouve qu’il y a problème. Et quand l’Etat vient soulager l’enseignant à 30% jusqu’à 40% pris en charge par l’Etat, tous ses frais, moi je pense ces propositions sont meilleures plus que le salaire qu’on donne à l’enseignant, qu’on est en train de défendre aujourd’hui d’augmenter…
Propos recueillis par Mamadou Dian Bah