À la faveur d’un entretien qu’il a accordé à notre rédaction, le Président du Forum des jeunes Africains pour la Promotion de l’Union Africaine, Mohamed Chérif, s’en offusque contre certains supposés acteurs de la société civile guinéenne. Selon lui, ‘’transgressent’’ les valeurs et les principes de cette entité, notamment en élaborant de faux rapports qui sont adressés aux organismes internationaux de droits de l’homme. L’acteur social parle d’un mélange de genres dont s’illustrent certains acteurs de la société civile guinéenne, dit-il, »des militants de partis politiques, reconvertis en activistes de la société civile ». Entretien !
Aujourd’hui, vous critiquez certains acteurs de la société civile guinéenne, que leur reprochez-vous ?
Il s’agit de dénoncer la politisation à outrance de la société civile guinéenne et aussi d’interpeller l’opinion nationale et internationale, les médias internationaux et nationaux, tout comme les organisations internationales de droits de l’homme, y compris d’autres ONG sur la situation guinéenne. Il se trouve aujourd’hui que les représentants locaux de ces organismes de défense de droits de l’homme, OING (Human Whigt, Amnesty international, FIDH, OGDH…) qui sont censés élaborer les rapports pour fournir auprès des instances internationales, telles que l’Union africaine, l’Union européenne, des Nations-Unies afin d’évaluer notre pays. Ces personnes-là aujourd’hui ne portent pas la crédibilité de pouvoir élaborer des rapports, parce qu’ils sont tout simplement des membres ou militants des partis politiques. Donc, après nos enquêtes, malheureusement nous avons constaté qu’il y a des liens étroits entre ces représentants locaux et les différents partis politiques voire certains acteurs du FNDC. De ce fait, nous trouvons que ces principes cartésiens qui caractérisent la société civile, tels que le principe d’objectivité, le principe d’indépendance et de neutralité ne s’y prêtent plus. Donc, nous dénonçons cette pratique pour que désormais qu’on arrive à redorer l’image de la société civile guinéenne, tout simplement en essayant de dépolitiser cette société civile, et de faire en sorte que désormais les institutions internationales puissent faire respecter les principes d’impartialité, d’objectivité et d’indépendance qui fondent leur existence.
Quels sont les moyens pour mener cette lutte ?
Nous sommes de la société civile. Le seul moyen pour nous c’est de chercher d’alerter l’opinion, de dénoncer les bavures et de faire des propositions des solutions. Ce sont les moyens que nous utilisons pour atteindre nos objectifs. Pour y parvenir, nous allons chercher à mettre des mécanismes en place pour pouvoir dans un premier temps dépolitiser notre société civile et dans un second temps, essayer de mettre en place un observatoire de la société civile qui permettra à ce que l’organisation et fonctionnement de la société civile soient assujettis à cet organe pour éviter que tout le monde parle au nom de la société civile.
D’où provient la crédibilité de la société civile ?
La société civile tire sa légitimité de par ses principes : d’objectivité, d’impartialité et d’indépendance. C’est le respect de ces principes qui donnent la crédibilité aux actions de la société civile. Lorsque ces principes ne correspondent plus à ces valeurs, en ce moment elle perd toute sa crédibilité et toute sa légitimité auprès des citoyens. Ce n’est qu’à travers ces valeurs et ces principes qui caractérisent la société civile que les citoyens sont amenés à croire à une société civile ou de ne pas y croire.
Aujourd’hui, des opposants sont en prison sans procès, que pensez-vous de cette situation ?
Nous condamnons le fait que les libertés d’expression soient réduites pour certaines personnes. Nous décrions cet état de fait. Pour nous, ce sont des citoyens ou des détenus politiques à partir du moment où ils ne sont pas jugés pour leur signifier les raisons de leur arrestation. Nous avons appris par voie de presse que certaines personnes sont détenues pour leur responsabilité présumée dans les violences post-électorales, et d’autres, selon les chefs d’accusation du gouvernement, pour des propos d’incitation à la violence. La justice se doit être impartiale et de lire le droit en toute franchise pour le bonheur du peuple de Guinée.
Propos recueillis par Makoura