Après les dernières élections législatives et présidentielle 2020, qui a reconduit sans surprise le président Alpha Condé à la tête de la Guinée, nous avons enregistré des pertes en vies humaines et une campagne d’intimidation et d’arrestation des voix dissidentes de la deuxièmes force politiques du pays.
Selon l’opposition, près de 400 militants sont toujours en prison sans un début de procès. On accuse certains d’entre eux de fabrication et de détention d’armes de guerre, d’atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat.
Cette détention prolongée ne favorise ni la stabilité encore moins un début de dialogue sincère entre les acteurs politiques ; elle reflète une mauvaise image du pays à l’international.
Il y a quelques semaines, trois détenus du principal parti d’opposition (UFDG) ont prôné le dialogue en vue d’une sortie de crise. Cet acte doit motiver les deux protagonistes à apaiser leur divergence, car cela permettrait au président de se lancer dans une nouvelle ère de sa gouvernance, d’un côté et de l’autre côté, le dialogue sera un moyen pour l’Union des Forces Démocratiques de Guinée de se relancer sur la scène politique pour les années à venir.
Même si nous avons vu que certains détenus commencent à être libérés sous conditions de présenter des excuses publiques au président de la République, c’est un acte à saluer, car il permet de mettre les bases allant dans le sens de la décrispation de la situation sociopolitique du pays, malgré que les conditions d’excuses imposées par le président enlèvent le caractère sincère de leur libération.
De mon point de vue, après l’obtention du troisième mandat dont les séquelles sont toujours visibles, politiquement, le président n’a rien à gagner en continuant à museler ses opposants. Cependant, cette contrainte d’Etat engendre plutôt une crise post-électorale dont les séquelles se répercutent dans tous les aspects de la vie nationale.
Sur le plan politique
Primo, cela ne permet pas une stabilité interne dans le pays, car à cette allure les tensions entre protagonistes ne vont pas baisser et celles-ci ne permettent non plus d’amorcer un dialogue et de faire des compromis, qui sont les seuls moyens d’une stabilité durable.
Secondo, cela reflète une image d’un Etat dictateur qui n’accepte aucune dissidence. Surtout dirait-on que le Président Alpha Condé qui a été lui-même l’opposant historique, le fervent défenseur de la démocratie et de l’Etat de droit en Afrique, est en train de se transformer en son contraire dans l’exercice de ses fonctions politiques.
Tercio, la Guinée prendra un coup énorme dans les collaborations avec les partenaires au développement, quand on sait qu’elle est signataire de l’accord de Cotonou qui prévoit une suspension d’aide en cas de corruption ou de violation de l’Etat de droit, d’ailleurs une menace de sanction économique plane sur le pays.
Sur le plan économique :
Sur le plan économique, la Guinée fait face à des énormes difficultés, d’ailleurs le président a lui-même fait savoir qu’il fallait serrer davantage la ceinture. Pour toutes ces raisons, le président devrait poser des actes concrets allant dans le sens de l’apaisement.
Il faut rappeler que la Guinée a déjà perdu la subvention des Etas Unis dans le cadre du Millennium challenge corporation, elle a été déclarée non éligible à ce programme pour non-respect des droits de l’homme et fautes d’investissement dans les domaines sociaux.
Plus récent nous avons aussi constaté que la Guinée n’a pas été invité lors du sommet de Paris sur la relance des économies africaines, toutes ces mannes financières perdue par notre pays ne favorisent pas cette relance tant souhaitée par le président de la république, Sans oublier qu’une bonne partie du budget de l’Etat provient des partenaires étrangers.
Sur le plan social
Sur le plan social, c’est une évidence pour tous les guinéens que notre pays est divisé, il y a une catégorie de guinéens qui se sentent abandonnée par l’appareil d’Etat, les inégalités sont énormes entre les dirigeants et les dirigés, une justice à deux vitesse qui est prompt quand il s’agit de faire taire les opposants et très passive quand il s’agit d’interpeller ceux qui sont au pouvoir.
Enfin, tout cela décrit cette nécessité de décrispation de la situation politique du pays, notre pays est aujourd’hui dans une phase ou chaque citoyen de manière intrinsèque doit œuvrer pour la cohésion sociale, et l’harmonie entre fils du pays pour redonner la dignité à ce Peuple.
Mamadou Bassirou Diallo
Chargé de la communication du parti de la libération populaire ‘’PPL’’
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