En Guinée et dans le reste du monde, le nouvel an a été l’occasion pour nombre de personnalités de formuler des vœux pour le pays. Le Populaire vous propose sa sélection de ces discours et promesses qui ne laissent personne indifférent.
Ne plus rester spectateur
L’Union guinéenne pour la démocratie et le développement (UGDD) était dirigée par feu Georges Gandhi Faraguet Tounkara. Ce parti est actuellement conduit par un président par intérim dénommé Pépé Francis Haba.
A l’occasion du nouvel an, M. Haba incite le président Alpha Condé et son gouvernement à faire preuve de sens du dialogue et de la responsabilité en ces heures graves pour la Guinée.
- Haba appelle les Guinéens à ne « plus rester spectateurs des dérives du pouvoir », mais à « exercer (son) rôle» d’ « acteur du changement et de la bonne gouvernance, car un peuple qui aime dormir fait plaisir à un gouvernement qui aime tricher ».
Le leader de l’UGDD invite à prendre conscience de « la question de la propreté de nos villes (qui) n’est pas seulement celle de nos dirigeants» et à faire « attention à l’utilisation abusive des sacs plastiques qui jonchent nos rues et (qui) sont extrêmement nocifs pour nos sols et notre santé».
Bande d’amateurs
L’avocat Abdoul Kabèlè Camara est ancien bâtonnier de Guinée. De janvier 2011 à mai 2018, il a été successivement ministre des Affaires étrangères, ministre délégué à la Défense nationale et ministre de la Sécurité et de la protection civile. Il préside maintenant la modeste formation politique du Rassemblement guinéen pour le développement (RGD).
Témoins des bêtises de la bande qu’il qualifie d’amateurs qui ont orchestré depuis 2010 le cafouillage brutal des finances publiques, le leader Camara résume l’année 2018 comme celle «au cours de laquelle l’incompréhension, la division, l’exclusion ont une pris une ampleur plus exacerbée et dramatique» dans le pays.
Kabèlè dit haut et fort que la Guinée «est pris en otage (…) par des amateurs politiques et acteurs sociaux qui ne donnent, chaque jour, à nos laborieuses populations que des rendez-vous d’angoisses, de stress, de blessures et de casses». Sic !
Phobie du 3e mandat
Diplomate de carrière, ancien secrétaire exécutif de la Cedeao de septembre 1997 à février 2002, Lansana Kouyaté est nommé le 26 février 2007 Premier ministre de consensus après les événements de janvier-février. Le 20 mai 2008, il est remplacé par l’ancien ministre des Mines Dr Ahmed Tidiane Souaré. Au premier tour de la présidentielle du 27 juin 2010, il se porte candidat du Parti de l’espoir pour le développement national (PEDN) et obtient 7,04 %. Kouyaté prête main forte au candidat Alpha Condé (18,25 %) arrivé deuxième derrière Cellou Dalein Diallo (43,69 %), puis devient le vice-président de l’alliance Rpg Arc-en-ciel vainqueur du second tour organisé le 10 novembre 2010 avec 52,52% des suffrages.
De Paris où il réside depuis son clash avec les gros bonnets du parti au pouvoir qui l’ont poussé à démissionner, Lansana Kouyaté prévient que sur le plan politique «les manœuvres ont commencé pour ouvrir la voie d’un 3e mandat» au président Alpha Condé.
Primauté à la démocratie
Ancien Premier ministre, vice-président de l’International libéral, président de l’Ufdg, le chef de file de l’opposition qui a couru de gros risques l’an dernier en battant le pavé contre le refus d’installer les conseils municipaux élus le 4 février et la dérive sanglante de la répression des manifestants, souhaite que l’année nouvelle «éloigne (les guinéens) à jamais du spectre de la division et de la haine, de la misère et de l’arbitraire» qu’il attribue au régime Alpha Condé.
Cellou Dalein Diallo fait observer qu’en «bientôt dix ans, M. Alpha Condé gouverne (…) dans la corruption galopante, la misère, la répression sauvage et l’ethnocentrisme ». L’opposant ambitionne de changer tout cela, lorsqu’il sera au pouvoir, en inscrivant « dans les faits la belle devise de (la) république. Du travail pour tous ! De la justice du sommet à la base ! De la solidarité entre les riches et les pauvres (…) les ethnies, les régions, (et) les religions ! » « En effet, comment ne pas évoquer le besoin de travail dans un pays rongé par le chômage, où les retraités frisent la mendicité, où les ménages ont du mal à faire bouillir la marmite, où la jeunesse en désarroi préfère encore les périls des déserts et des mers au sol de la patrie ? Comment ne pas parler de justice dans un pays où règne la loi de la jungle où le pouvoir brime, vole et tue à sa guise ? Comment, mes chers compatriotes, ne pas évoquer le besoin de solidarité sous un régime égoïste et corrompu, indifférent à la misère du peuple, insensible au sort des plus faibles et des plus démunis ? », interroge Diallo qui rappelle que la Guinée « a plus que jamais besoin d’unité et de démocratie ». Deux valeurs dont l’une constitue, dit-il, « le rempart qui empêche (le pays) de sombrer dans le chaos » et l’autre, la règle d’or du monde moderne qui met en avant « respect des institutions » et par ricochet sacralité « de la vie ».
Appel à plus de solidarité
Directeur de GAD Entreprises, Abdoul Diallo est l’une des figures africaines du e-commerce et de la fiscalité aux Etats-Unis. Ancien président de la communauté guinéenne de New York, New Jersey et Connecticut (GUICA), il continue d’œuvrer pour plus de solidarité entre africains.
Depuis New York, Abdoul Diallo présente ses vœux de nouvel an 2019 et saisit l’occasion pour rappeler aux membres de la communauté guinéenne et de la diaspora africaine que le vivre-ensemble est le seul socle de l’unité et de la solidarité piliers indispensables de la construction de la Guinée et des autres pays du continent.
«Je saisis cette heureuse occasion pour demander à mes sœurs et frères guinéens, de rejeter, de dénoncer l’injustice et d’être toujours une sœur ou un frère ouvert et protecteur pour tout guinéen où qu’il se trouve ici aux Etats-Unis ou ailleurs à travers le monde. (…) Ici à New York, New Jersey et Connecticut, restons des citoyens exemplaires. Cultivons nos liens séculaires, car là où il n’y a pas de connexion humaine, il n’y a pas de compassion. Et sans compassion, la communauté, l’engagement, la bonté d’aimer, la compréhension humaine et la paix se ratatinent. Les individus deviennent isolés, les isolements se font cruels et, le tragique plane sous les formes de violences domestique et civile. Restons unis, gardons nos liens, demeurons solidaires, aujourd’hui et demain pour construire à l’unisson notre destin commun ici aux Etats-Unis, dans notre pays d’origine et notre continent».
Promesses de faire mieux
L’ancien ministre des Finances sous le général Lansana Conté, devenu leader du parti GPT et qui s’est donné corps et âme pour occuper le poste de Premier ministre, a reconnu que 2018 «aura été, comme partout ailleurs, une année riche en événements au rythme de l’instabilité qui caractérise notre époque, marquée par de grands défis et de nombreux bouleversements qui constituent des épreuves pour tous les Etats surtout les plus fragiles». «Malgré tout, relativise Ibrahima Kassory Fofana, (le) pays est resté débout».
Fofana se réjouit de constater que «la Guinée a changé et chacun de nous est plus fier d’être Guinéen et bénéficie d’un meilleur cadre de vie». Et la majorité reconnait tout ce qu’Alpha Condé a «apporté à ce pays en si peu de temps, parce qu’ (il veut) aller très vite et bien.»
Courant 2019 Fofana promet de «mettre l’accent sur le social» par la «création très prochaine d’une Agence nationale d’inclusion économique et sociale».
Réponses et promesses
A tous ces messages d’acteurs politiques et celui de la diaspora guinéenne, la réponse d’Alpha Condé est on ne peut plus claire : « Plusieurs défis de développement interpellent notre nation, des projets d’infrastructures routières ont été lancés sur l’ensemble du territoire, pour faire de nos villes, des zones de développement. Il nous reste à relever ensemble ces défis, dans la fraternité, le respect des institutions et dans un esprit de concorde nationale. (…) Je félicite le Gouvernement pour les importantes réformes en cours qui permettront de sécuriser nos recettes intérieures et de mieux planifier nos dépenses. Je félicite particulièrement le Premier ministre, pour son engagement, son dynamisme, sa disponibilité et son dévouement. Je félicite et encourage les agents de l’Administration dans la nouvelle dynamique de réforme profonde de l’Etat, ce qui permettra de renforcer la ponctualité et de lutter contre la corruption ».
Ce sont là des vœux et des promesses formulés en ce début d’année 2019. A méditer!
Par Le Populaire